Si cela sert d'abord à protéger l'intégrité des produits, il constitue à lui seul un produit à par entière.
Sous la pression des considérations environnementales, dans le cas de la réduction des produits à usage unique, il faut proposer un packaging qui puisse s'inscrire dans son temps.
Nous verrons alors apparaître des contenants alimentaires écologiques, biodégradables, et en plus de cela, comestibles...
Si il existe sur le marché quelques supports alimentaires pouvant être ingérés comme leur contenu, on remarque que ceux-ci sont souvent fait de pâte à pain, pâte feuilletée, brisée ou sablée..., comme le sac sandwich "Mange2" inventé par le desiner Sebastino Oddi, les ustensiles à salade (en pâte brisée) réalisés par François-Julien Madérou, la cookie cup du designer Vénézuélien Enrique Luis Sardi pour Lavazza (pâte à biscuit recouverte d'un sucre à glacer qui fonctionne comme un isolant), ou les cuillères apéritives "Spoonettes" de la maison belge Pidy Gourmet (en pâte mi-feuilletée, mi-brisée).
Prix spécial du jury "Tendances et Innovations" du SIAL 2008, les "Spoonettes", prêtes à l'emploi, surfent sur la vague du design culinaire et proposent l'aliment comme nouveau médium dans la création de plats et récipients.
En collaboration avec le chef cuisinier Daniel Girard et la diététiste Véronique Perreault, la designer et professeur à l'université de Montréal Diane Leclair Bisson s'est lancée dans la conception de matières alimentaires, à la fois belles, appétissantes et comestibles.
A l'heure ou notre société voue un engouement pour les produits transformés, la démarche de la designer vise à transformer la nourriture en objet d'usage, et annonce une nouvelle esthétique dans le paysage alimentaire contemporain.
Ainsi, l'ouvrage découvert à la boutique-galerie Commissaires, tente de faire rentrer l'aliment au sein du répertoire des matériaux de fabrication de produits.
S'appuyant sur le développement durable, la gastronomie et la science de la transformation de la matière se côtoient pour explorer le concept de l'assiette mangeable.
Se révèleront sous forme d'un parcours chromatique (blanc, jaune, orange , rose, rouge, violet, vert, brun et noir), des échantillons alimentaires mettant en évidence les procédés de mise en forme de la matière, et amorçant l'étendue possible de contenants mangeables.
Les échantillons déployés rendront compte des qualités plastiques des aliments transformés.
Il sera alors nécessaire de porter un grand intérêt aux propriétés des aliments (mécaniques, esthétiques, fonctionnelles, formelles et pigmentaires).
La matière pourra se poser dans une main sans contrainte, se manipuler aisément, résister au poids d'un met, être thermiquement stable, ou encore être perméable.
Nous distinguerons trois catégories de matières (qui donneront lieu à diverses textures): les croustillantes, les moelleuses, et les gélifiées.
La suite de la lecture nous apprendra les procédés de transformations et de mise en forme des matières.
Seront alors obtenus des reliefs en ronde-bosse, creux, laminés, pliés ou bien ajourés.
Pour renforcer l'idée d'une cuisine santé nutritionnelle, la designer refuse d'avoir recours aux colorants artificiels et puise ses colorants dans les aliments présents dans la nature.
Après avoir observé la stabilité et la transformation des pigments naturels des aliments lors des opérations thermiques, chaque échantillon de matière sera référencé sous un code couleur, comme si il s'agissait d'un objet et de sa couleur Pantone.
Découvrons à présent quelques échantillons de matières, transformées et mises en forme.
L'échantillon zéro présente une texture gélifiée, composée de lait de coco, sucre granulé et gélatine.
La matière à été cuite, puis coulée dans un moule en deux parties et réfrigérée.
L'échantillon Papier présente une texture moelleuse et ferme, composée de purée de pomme de terre, de panais et de rutabaga, de farine blanche et de jaune d'oeuf.
La matière à été abaissée avant la cuisson et assemblée après la cuisson.
L'échantillon Doubles bols présente une texture croquante, composée de farine blanche, de sucre granulé, de poudre de pistache, de poudre de thé matcha, de purée d'épinard et poudre à pâte.
La matière à été abaissée avant la cuisson, comprimée après la cuisson entre deux moules et déshydratée.
Toutes ces recettes de textures participeront à une expérience gustative, et pourront intégrer les manifestations gastronomiques et artistiques du design culinaire.
Et comme nous n'avons pas tous la possibilité de jouer aux petits chefs chimistes, nous nous inspirerons des pique-nique poétiques et écologiques de l'artiste et créatrice culinaire Françoise Martine Camillière pour réaliser notre dîner comestible (où rien ne sera jeté à la fin du repas).
En plus de jouer sur les formes et les couleurs, les saveurs seront associées les unes au autres, créant ainsi de subtiles combinaisons ou mariages inattendus.
La dînette éphémère offrira des assiettes en pain pita, des bols en feuille de chou, des picots en branches aromatiques, des pailles en tige de blé, des cuillères en gouda séché...
Seront ensuite évidés oranges, citrons, grenades, noix de coco pour recevoir boissons, mets liquides ou encore sauces trempettes.
Les plus audacieux se lanceront dans la réalisation de petits récipient gélifiés, ou gelés.
Pour changer les codes, nous jouerons volontiers des sucrés salés improbables.
Se dresseront sur la table, cuillères moulées en chocolat noir garnies d'un carpaccio de pétoncle à l'huile de noisette et poivre rose; cuillères moulées en caramel croquant avec une mousse de sésame grillé; cuillères moulées en chocolat blanc surmontées d'une mousse d'avocat et tomate confite, ou encore de sucettes de fruit sur bâtonnets de fromage.
Après tout cela, nous pourrons faire la fine bouche, et refuser les services avec assiette en plastique.
On finit son assiette, dans tous les sens de terme, et l'on veille tout de même à ne pas commencer le repas par les couverts...
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